Anti Drogues
Anti Drogues

06 juin 2006

Les problèmes d'alcool et de drogue s'imposent aux entreprises

62% des entreprises sont confrontées à des problèmes d'alcool avec leurs salariés. D'autres travaux montrent que l'usage de drogues dures se développe. Et la drogue au travail n'est pas uniquement réservée aux drogués du travail. Un état des lieux inquiétant.

C'est une réalité restée longtemps taboue. L'alcool et, de plus en plus, les drogues font partie intégrante du monde du travail. A tel point que les entreprises, désarmées face au problème, s'en inquiètent. Pour la première fois à l'échelle nationale, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) a mené deux enquêtes : l'une auprès des directeurs des ressources humaines d'un échantillon d'entreprises, l'autre auprès des salariés. Résultat : près d'une entreprise de plus de 50 salariés sur trois (62%) a des problèmes liés à l'alcool avec ses salariés. Et pour cause, un salarié sur dix (11%) avoue boire régulièrement de l'alcool au travail en dehors des traditionnels pots et des repas.

14% des DRH ont rencontré des problèmes à cause du cannabis. Avec des conséquences importantes à la clé : accidents du travail, absentéisme, problèmes relationnels, baisse de la productivité? Si les DRH déclarent que la consommation d'alcool est la thématique que laquelle ils sont le plus vigilant, 69% des entreprises n'a jamais mené d'action de prévention. La loi, elle, encadre mais n'interdit pas la consommation de tous les alcools dans l'enceinte de l'entreprise.

L'enquête de l'Inpes, quantitative, n'a pas exploré les causes de ce phénomène. Mais d'autres travaux se sont penchés sur le problème. Outre l'alcool et le cannabis, la prise de drogues dures ? cocaïne, ectasy, amphétamines - serait en train de se développer chez les salariés, et plus seulement dans les milieux du show-business et de la publicité, même si le phénomène est mieux caché. D'ailleurs dans l'enquête de l'Inpes, seuls 2% des DRH déclarent avoir eu des problèmes liés à l'usage d'autres drogues. Mais les médecins voient le phénomène se développer depuis cinq ans.

"Je reçois des gens qui prennent de la cocaïne dans leur entreprise. Ils s'en servent comme stimulant pour travailler plus dur, pour faire face à la concurrence de leurs collègues. Ceux qui veulent arrêter ont besoin d'aide" déclarait Michel Hautefeuille, psychiatre, spécialisé dans le traitement des toxicomanes, cité par Le Monde dans une enquête consacrée à la cocaïne début avril.

« Les gens pensent décupler leurs facultés. En réalité, les capacités intellectuelles ne sont pas modifiées », précise au Figaro Astrid Fontaine, ethnologue, auteure d'un livre sur les drogues et le travail. Les cadres en quête de performance ne sont d'ailleurs pas les seuls concernés, d'après les experts : enseignants stressés, employés de poste, représentants payés uniquement à la commission, patrons de PME en difficulté, techniciens aux horaires décalés et salariés menacés de licenciement consomment aussi ces drogues devenues plus abordables financièrement. A propos de la cocaïne, l'Observatoire Français des drogues et toxicomanies constatait en 2005 que "les milieux sociaux concernés par cette consommation sont devenus tellement larges et hétérogènes qu'il est difficile aujourd'hui de dresser un portrait type du consommateur".

Les salariés interrogés par l'Inpes disent avoir conscience des répercussions de l'alcool sur les accidents, sur la qualité du travail et sur la mauvaise image de l'entreprise, notamment dans les secteurs des transports et de la construction. Jeudi dernier, le président de la République annonçait pour bientôt un plan d'action global contre les addictions - tabac, alcool, drogues ? devenues « causes majeures de cancer ». Manifestement, elles sont aussi des « causes majeures » de problèmes au travail.

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Publié par Retailleau Fabrice Copywriter :: 23:32 ::
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